Avril 2023
Le monteur assure l'assemblage des plans et séquences d'un film en conformité avec le scénario, tel que tourné par le réalisateur. Il procède d’abord au choix des bonnes prises avec le réalisateur, puis les met en ordre. Ce travail permet d'analyser la cohérence du film, de juger de l'équilibre et de l'ordre des séquences, de détecter les lenteurs éventuelles. Ensuite, il effectue les raccords entre les images et les affine, détermine la durée des séquences et monte la bande sonore. L’essentiel du travail du monteur se fait donc après le tournage. On dit parfois du montage que c’est la seconde écriture d’un film. Dans le cas des documentaires, c’est souvent le monteur qui crée le film. C’était le cas dans Gabor et Histoires boliviennes vus à la dernière saison. C’était aussi le cas de tous ces jeunes cinéastes qui participaient aux diverses courses autour du monde.
Chaque image isolée d'un film s’appelle un photogramme. Au plan technique, un film c’est un projecteur qui distribue sur l’écran 24 images filmées par seconde. Grâce à la pertinence rétinienne, le spectateur n’a pas l’impression qu’il y a un mince trait entre chacune de ces photos. C’est l’arrivée du cinéma parlant en 1933, qui fixe le nombre de 24 images/seconde parce qu’il permet d’inscrire le son et le mouvement sans distorsion. La curieuse démarche des figurants des films du début du 20e siècle provient du fait qu’il n’y avait pas de synchronisme à l’époque entre une caméra – qui prend par exemple 12, 14 ou 16 images/seconde – et un projecteur qui les distribue à un rythme aléatoire.
Identifier le genre de films est un moyen parmi d’autres de classer les films en fonction de leurs caractéristiques principales, lesquelles n’obéissent pas à des règles précises mais utilisent des codes et des thèmes récurrents. Sans surprise, les trois genres que vous préférez, selon notre sondage, sont les drames, les comédies et les thrillers. Mais il existe encore des westerns, des films fantastiques, musicaux, policiers, historiques, d’action, d’aventures, de science-fiction… Nous verrons les caractéristiques de quelques genres lors de la prochaine saison.
Notre photo : Louise (Suzan Sarandon) et Thelma (Geena Davis) en pleine aventure. Thelma et Louise, Ridley Scott, 1991.
Mars 2023
Le cinéma direct est un type de cinéma inspiré du documentaire, fréquemment pratiqué au Québec entre 1958 et 1962. Il se distingue par de nombreuses innovations techniques : caméra 16 mm plus légère et silencieuse, magnétophone synchrone, tournage en petites équipes, lumière et décors naturels, personnages non fictifs et comédiens non professionnels. Ces techniques permettent aux cinéastes de s’intégrer facilement à l’intérieur des groupes pour mieux montrer les gens tels qu’ils sont, sans les embellir, en proximité « immédiate » avec la réalité.
Le cinéma d'auteur est une expression utilisée pour qualifier l'oeuvre – ou l’ensemble de l’œuvre – d'un réalisateur ou d’un metteur en scène reflétant sa personnalité artistique, son originalité. Ce terme cherche avant tout à lier cette œuvre à des thèmes de prédilection et à la cohérence d'un style novateur et singulier. Le film d'auteur est habituellement écrit et réalisé par la même personne. On oppose traditionnellement le cinéma d'auteur au cinéma hollywoodien, jugé trop commercial. On le considère souvent comme indépendant puisqu’il échappe généralement aux grands systèmes d’exploitation et à l’absolue contrainte de la rentabilité. Le réalisateur est souvent le seul maître de la distribution de son film.
Le montage est l'organisation des plans d'un film selon l’ordre et la durée prévus dans le scénario tourné par le réalisateur. Il s'agit d'un travail complexe alliant une partie artistique importante (cohérence de la narration, rythme, raccords entre les plans) à une partie technique (maîtrise des outils de montage, travail de postproduction, relation avec le laboratoire, etc.). Les principaux types de montage sont le montage alterné (des séquences qui diffèrent d’abord par le lieu mais vont finir par se rejoindre) ; le montage parallèle, fondé sur un rapprochement « symbolique » entre des plans qui diffèrent par le lieu et/ou le temps ; les plans se font alors échos, relevant de la comparaison ou de la métaphore. Et nous connaissons aussi les montages chronologiques ou oniriques entre autres.
Notre photo : dans ce premier long métrage de cinéma direct, œuvre phare du cinéma documentaire mondial, des pêcheurs de l’Île-aux-Coudres raniment la pêche aux marsouins. Pour la suite du monde, Pierre Perrault et Michel Brault, 1962.
Février 2023
Les mouvements de caméra
On le sait maintenant, la caméra peut se substituer à nos yeux. Quand on veut vraiment voir un objet ou un évènement, sans déplacer son corps, on peut tourner sa tête vers la gauche ou vers la droite. Au cinéma, ce mouvement de la caméra sur son axe s’appelle un panoramique.
Il est aussi possible de se déplacer, de marcher et de se rapprocher de ce que l’on veut voir. Au cinéma, ce déplacement de la caméra – sur des rails ou autrement – s’appelle un travelling avant, arrière ou latéral, selon sa direction.
Il y a cependant des lieux où l’équipement cinématographique s’installe difficilement : ruelles étroites et accidentées, corridors à paliers, trottoirs et escaliers encombrés, sentiers difficiles d’accès, nombreux détours, pentes abruptes, etc. Dans ces cas, le cameraman peut porter la caméra à l’épaule, ce qui rend plus vraisemblables les mouvements d’une poursuite, la violence d’un combat, la démarche vacillante d’une personne ivre, etc. Les légers tremblements de l’image font davantage participer à l’action.
Pour filmer la vision d’un jeune enfant ou d’un petit animal, il existe un appareil appelé le steady cam, que le caméraman porte sur lui en le fixant à la hauteur voulue. Enfin, au cinéma, une grue est un système de portage permettant de filmer sans avoir besoin de chercher un promontoire naturel ou le toit d’un immeuble. Et oublions le zoom, cette excroissance artificielle de l’œil.
Notre photo : Jean-Paul Belmondo (Ferdinand) a peint son visage en bleu, couleur du désespoir absolu pour lui, avant de se faire exploser avec de la dynamite. Pierrot le Fou, Jean-Luc Godard, 1965.
Janvier 2023
Le plan séquence est un plan – donc tourné en continuité et sans coupure – qui se déroule en plusieurs endroits contigus et utilisant divers cadrages. Il comprend forcément de nombreux mouvements de caméra, panoramiques et travellings, sinon il s'agit d'un simple plan long situé dans un même décor. Le plan séquence suppose un imposant travail de mise en scène pour coordonner les déplacements des personnages et du matériel de tournage. Alors que les films nous habituent au temps raccourci et à l’espace escamoté, le plan séquence nous plonge dans la continuité spatiale et le temps réel, ce qui accentue l’immersion du spectateur. Un plan séquence peut durer de quelques dizaines de secondes à plusieurs minutes.
L’angle de prise de vue désigne, sur un axe vertical, la position de la caméra à l’endroit des personnes, objets ou évènements filmés. La caméra se substitue ainsi à notre œil. De façon générale, elle capte les images à la hauteur de nos yeux ou de ceux dont on veut transmettre le regard. C’est ce qu’on appelle l’angle normal.
Lorsque la caméra est orientée vers le bas, on utilise le terme de plongée. Ses principales significations sont liées à la faiblesse, la petitesse ou l’impuissance du sujet filmé. C’est le regard qu’un vainqueur arrogant porte sur le vaincu terrassé.
À l’opposé, la contre-plongée est une prise de vue avec la caméra orientée vers le haut. Elle peut marquer principalement la force, la puissance, la grandeur du sujet filmé. C’est le regard que le vaincu apeuré porte sur son vainqueur rayonnant.
Notre photo : Jeanne Moreau dans Jules et Jim, de François Truffaut, 1962.
« Elle avait des bagues, à chaque doigt, des tas de bracelets, autour des poignets, Et puis elle chantait, avec une voix, qui sitôt m’enjôla ».
La chanson Le Tourbillon de la vie a été composée par Serge Rezvani en 1956. Il l’avait offerte en cadeau privé à l’amoureux de Jeanne Moreau et celle-ci l’interprétera à la demande de Truffaut dans son film.
Décembre 2022
La profondeur de champ, terme employé en photographie et en cinéma, désigne la zone de netteté de l’image. En combinant entrée de la lumière, focale utilisée et distance entre la caméra et les objets à filmer, il est possible de faire varier les zones de netteté d’une image. L’opération est complexe. Ainsi, on peut mettre en évidence un personnage à l’avant du plan en brouillant l’arrière ou pratiquer l’inverse. Dans un plan, certaines péripéties du récit peuvent se dérouler à diverses profondeurs de champ. Notre photo vedette illustre une légère profondeur de champ mais le meilleur exemple d’emploi de la profondeur de champ est le Citizen Kane d’Orson Welles, en 1941.
Le hors champ désigne des éléments (bruits ou paroles) qui sont présents dans le film mais qu’on ne voit pas; ils sont dans l’espace autour de la caméra. Ex. un narrateur raconte un événement sans qu’il apparaisse à l’écran; il est alors en voix off ou hors champ.
Le directeur photo est responsable de la prise de vues. Il s’occupe de l’ambiance lumineuse, de l’intensité des couleurs. En collaboration avec le réalisateur, il conçoit l'esthétique de l'éclairage et dirige diverses équipes d’électriciens, de machinistes, de cadreurs, qui voient à la position des projecteurs, du matériel de tournage, des caméras. Il peut conseiller sur le type de pellicules à utiliser et participer au montage des films en indiquant les meilleures prises à retenir. En général, les réalisateurs travaillent avec les mêmes directeurs photo.
Pierre Mignot, André Turpin, Guy Dufaux, Jessica Lee Gagné travaillent aussi bien au Québec qu’à l’international. Avant eux, Michel Brault, Claude Jutra ont été de grands directeurs photo.
Notre photo : Philippe Noiret (Alfredo) et Salvatore Cascio (Toto qui examine les photogrammes d’une pellicule 35 mm), dans un monument à la gloire du cinéma. Cinéma Paradiso, Giuseppe Tornatore, 1988.
Novembre 2022
Le champ est la portion d’espace (et tout ce qu’on y voit) délimitée par le cadrage d’un plan. Si je place la caméra en avant, au centre de la scène d’une salle de spectacle et que je filme cette salle, ce plan constitue le champ.
Le contrechamp est l’espace directement opposé au champ. Si je tourne maintenant la caméra vers le fond de la scène et que je filme ce qu’on y voit, j’obtiens le contrechamp. Ainsi tout champ a son contrechamp. Si je place une caméra entre 2 personnes qui discutent, et que je montre la personne A de face puis la personne B de face, je viens d’illustrer mon propos.
Au cinéma, le champ-contrechamp est d’abord une figure de tournage puis de montage qui consiste à faire alterner, habituellement à 3 ou 4 reprises, un champ donné et son contrechamp. Il a été souvent utilisé pour dynamiser des dialogues. Emploi classique : dans un restaurant, 2 personnages conversent. En champ, on montrera l’arrière de l’épaule droite du personnage A et le personnage B de face; puis en contrechamp, l’épaule arrière gauche du personnage B et le personnage A de face. Au montage, on alternera ensuite les plans à quelques reprises. Le champ-contrechamp nous donne l’impression de tourner autour des personnages.
La scène est tournée une première fois selon le point de vue de personnage A (ces plans au montage deviendront le champ) puis une seconde fois selon le point de vue du personnage B (ces plans deviendront le contrechamp). Le déplacement de la caméra s’effectue selon des directives précises pour éviter de donner l’impression que les personnages ont changé de position.
Notre photo : Scandale à Rome : Marcello et Sylvia (Marcello Mastroianni et Anita Ekberg) batifolent dans la fontaine de Trevi. La dolce vita, Federico Fellini, 1960.
Octobre 2022
Le plan, unité narrative du film, a plusieurs acceptions dans le langage cinématographique. On peut le comparer à un mot dans une phrase.
Le plan au tournage contient tout ce qui a été filmé, depuis la mise en marche de la caméra jusqu’à son arrêt. On peut y retrouver des indications (titre du film, plan 22, prise 3), des mots : « Moteur », « Action », « Coupez ».
Le plan au montage est ce qui est utilisé à l’endroit où le réalisateur veut le voir apparaître dans son film. En exemple, voici les 5 premiers plans d’un film possible, d’une durée de 6 secondes chacun.
1- Je m’éveille et je coupe la sonnerie. 2- Je prends ma douche. 3- Je déjeune. 4- J’attends le bus. 5- J’entre dans le cégep.
Le plan au cadrage indique la portion d’espace contenue dans le plan. On utilise plutôt l’expression « échelle de plans », adaptée librement par chaque réalisateur. Les dénominations peuvent varier selon les utilisateurs; en voici quelques-unes généralement acceptées.
Le plan général montre une vaste portion du décor : le plan de toute la vallée dans un western.
Le plan d’ensemble montre des personnages qui habitent le décor, des gens qui marchent dans une ville.
Le plan moyen montre un personnage en entier.
Le plan américain cadre le personnage à mi-cuisse.
Le plan rapproché cadre le personnage à la taille ou la poitrine, selon le cas.
Le gros plan cadre le visage.
L’insert est un gros plan d’un objet.
Notre photo : Jacques Gagnon (Benoît) et Jean Duceppe (Antoine) entreprennent leur voyage au bout de la nuit. Mon oncle Antoine, Claude Jutra, 1971.
Septembre 2022
Un film, c’est une histoire que des artistes nous racontent avec des images, des sons, de la musique; ces éléments avec lesquels on crée les films en sont comme les mots. Depuis 1896, ils se sont érigés en véritable code, celui du langage cinématographique.
Qui n’a pas entendu parler de montage parallèle ou alterné, de plan-séquence, de champ-contrechamp, de contre-plongée, de plan américain ? Qui connaît vraiment le travail du perchiste, du directeur de plateau, du producteur ?
Plus de 25 ans maintenant que le Ciné-Club d’Alma vous présente de brefs textes critiques, des commentaires oraux, des événements spéciaux, des documentaires, des films en version originale ou sous-titrée, du cinéma d’auteur, des classiques... sans que l’on ait vraiment entrepris avec vous une vulgarisation de tous ces mots de cinéma.
Quelques-uns d’entre vous nous l’ont demandé et c’est ce projet que nous vous soumettons. À partir du 1er octobre, chaque mois, nous publierons sur notre page web ou vous communiquerons autrement les principaux éléments du langage cinématographique définis clairement. Lentement, ce projet pourra se poursuivre tant que nous le voudrons. Ce sera peu à la fois. Vous pourrez nous soumettre vos idées. Ce sera clair, ce sera écrit.
Chaque publication sera imprimée sur fond d’image marquante de films ou de grands artistes qui ont inscrit ces trésors dans notre culture.
Notre photo : L’ouvrier (Charlie Chaplin) et la gamine (Paulette Goddard), amoureux, marchent, heureux et libres, vers leur destin. Les Temps Modernes, Charlie Chaplin, 1936.
À suivre...